mardi 3 janvier 2012

La plage, le cyclone et la cité utopique

Matrimandir by leendeleo
Matrimandir, a photo by leendeleo on Flickr.

Aprés avoir quitté le froid et le brouillard de Varanasi nous sommes arrivés á Chennai (Madras) le soir du réveillon de Noel. Ici dans le sud de l'inde nous avons vu pour la premiere fois des églises et des illuminations de noel (assez kitch, pour rester indien) et ca nous a presque fait chaud au coeur. Non pas que nous nous sentions une ame particulierement religieuse aprés l'intensité hindoue à Varanasi, mais d'une certaine facon ca rappelle son chez-soi.




Le sud de l'inde est donc plus catho que le nord. Plus riche aussi, moins d'ordure dans les rues, moins de gens qui mendient, moins de gens qui dorment dehors... on a presque eu l'impression de changer de pays! Et ici il parlent le Tamoul, alors le peu d'hindi apprit dernierement n'apporte rien.
On a vite envie de se rendre en bord de mer alors nous prenons le premier bus pour Mamalapuram, une cinquantaine de km au sud de Chennai. C'est une petite cité connue pour ses temples (encore), ses fruits de mer et sa plage.
Au moment de notre arrivée c'est la cohue dans la rue, des centaines d'indiens, beaucoup en saris rouges. On decouvre que la ville est tres sectorisée, une partie pour les touristes occidentaux (plage, fruits de mer, babioles) et une autre pour les touristes indiens (temples, sculptures, pelerinage) ce qui explique les saris rouges.
Ici on mange des crepes au nutella, boit du café et le ptit dej est occidental. On vous le dit, on a changé de pays! Les gens sont tres gentils et les vendeurs pas du tout aussi harcelant que par le passé, pour dire, j'ai meme du mal á justifier mon marchandage!
Les temples en question sont plutot pas mal, sur une digue à front de mer. Plus loin, des sculptures hindoues dont la fameuse descente du gange et la boule de beurre de Krishna. C'est un rocher rond, comme en équilibre sur une base rocheuse, mais énorme, vraiment. L'explication hindoue: Krishna étant bébé a fait tomber sur terre cette boule de beurre. Ne cherchez pas à comprendre, l'hindouisme est plein de fables fabuleuses à faire palir d'envie Moise ou Jesus.
La mer ici est assez dechainée donc point de baignade à proprement parlé. Ca ne nous empeche pas de nous amuser dans les enormes rouleaux, à l'indienne, c'est à dire habillés.

Nous prenons la route pour Auroville, à une centaine de km plus au sud, à coté de Pondicherry. Cette ville fondée en 1968 dans le but d'etre universelle, sans religions, sans argent comme monnaie d'echange, avec comme ambition de réunir le corporel (le travail) avec le bien-etre spirituel (yoga, meditation). Rien que ca! Evidamment ca n'a pas vraiment marché comme prévu, et l'impression que nous avons eu a été un genre particulier (masqué sous des explications spirituelles?) de néo-colonialisme. Surtout des francais, mais aussi des allemands et des indiens. Au début surtout une impression de secte bizarre, pour etre franc, mais les aurovilliens sont eux-meme tres critiques quant au fonctionnement de leur cité donc ca dissipe (un peu) les doutes. Ils ne sont pas fanatiques!
Nous arrivons donc à Auroville, les guest-houses dans les communautés de la cité sont pleines et nous nous rabattons sur une guest-house "privée". Normalement pour pouvoir utiliser les pleins services de la cité il faut un pass de visiteur (payant par jour evidamment) mais Ganesh notre hote (pas le dieu) nous dissuade, les magasins d'auroville ainsi que les restos sont tres chers. Le supermarché s'appelle "Pour tous", la cantine "Solar kitchen" et a une parabole solaire comme source de chaleur, les communautés s'appellent "verité", "new creation", "light", "sincerity" etc. Notre guesthouse "privée" se nomme modestement "tenderness". La cité est tres dispersée dans une forét dense type sub-tropical.
Pour se déplacer on loue un scooter et c'est parti!
On a pas le temps de se deplacer beaucoup car le soir de notre arrivée Leo tombe malade (2eme fois!) et a de la fievre. On decide d'aller faire un tour au centre de soin de Auroville histoire surtout de me rassurer, non il n'y a pas de palu ici (mais pleins de moustiques).
Il commence à pleuvoir dru et les gens parlent de cyclone, mais personne ne sait vraiment quand il arrive ni ce qui va se passer. On nous dit de ne pas se baigner. Et vu qu'on a pas tellement de sources d'information fiable, dans notre guest-house idylliquement perdue dans la forèt et que Leo ne va pas bien, on ne se préoccupe pas plus que ca. Il n'y a deja plus d'electricité, mais c'est courant ca ne nous inquiete pas non plus.
Durant la nuit le cyclone arrive et comme les fenetres ici n'ont pas de carreaux, on se retrouve rapidement mouillés et l'eau rentre un peu partout. On est content d'etre dans du dur, et pas sur une paillote sur la plage (option possible). Ca souffle de facon effrayante. Le lendemain vision cauchmardesque: la moitié des arbres autour de la guest house sont à terre, la vegetation denudée, le portail plié, des portes cassées. La paillotes de Ganesh et sa famille est entiere (comment?). Nous n'avons ni eau, ni electricité, ni reseau portable, la route au village est jonchée de troncs, et le mauvais temps continue! Notre scooter est couché (mais entier).
L'avantage dans ce genre de situation est que d'une part ca incitent les moins courageux (ou les plus inconscients) à partir de suite (dans le vent et la pluie et sans aucune connaissance de la situation dans les villes environnantes) Tri séléctif pas mal du tout finalement. D'autre part ca reserre les liens entre les restants ce qui est tres sympa. On s'est donc retrouvé des le soir meme à cuisiner un dal (depuis notre cours de cuisine de Bundi!) avec les moyens du bord et à partager le quotidien de la famille de Ganesh de plus pres. Dans la soirée, la pluie et le vent se sont calmés et le lendemain tout le monde s'est mis à la tache pour deblayer, hacher, couper, surtout les palmiers, car dans la couronne du palmier il y a... le coeur du palmier! C'est un bonheur de revoir le soleil arriver et tout le monde grignoter du palmier dans la bonne humeur. On tente une excursion vers le village et Auroville, particulierement devasté du fait de la densité de la forét. Pour le nouvel an nous allons à Pondicherry se reconforter avec de la bonne bouffe francaise. Les rues de la ville etaient malheureusement encore obstruées en partie par les arbres tombés. Mais à Pondy il y a de l'eau et de l'electricité, dumoins dans le quartier colonial (evidamment), donc mieux lotis. Le deblayage des routes avance vite à Auroville (il y a de la place dans le bas coté) et avant de partir, nous allons quand meme voir cette fameuse balle de golfe dorée nommée Matrimandir sensée representer le centre de la galaxie Auroville. Impressionant et idée assez dingue quand meme.
Nous quittons Auroville le 1er au soir en train. Cette fois ci le suspense de la Waiting list a du bon, nous avons été "upgraded" comme nous le claironne admiratif le chief conductor! Nous voyagons en premiere classe! Destination le kerala avec Kollam, nous esperons un vraie bonne plage pour la baignade, bien attendue maientenant apres toutes ces peripeties.

2 commentaires:

  1. J'attends ton compte rendu de la cité utopique...
    Que je n'avais pas eu l'occasion de visiter (je ne sais plus pourquoi).
    F.

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  2. Toutes mes excuses... je n'avais pas vu (et donc lu) la suite.... Ces situations exceptionnelles (apparemment et heureusement sans gravité) créent du lien, ce qui est une belle expérience humaine.
    à Pondichéry, j'ai le souvenir d'une "vieille" indienne me "poursuivant" dans l'espoir de me faire manger un plat typiquement français (pôt au feu) : raté, comme chaucun sait dans la famille, je déteste... Et puis, un de ces employés avec lequel elles ne devaient pas entretenir de bonnes relations.... qui venait nous dire, dès qu'elle avait le dos tourné, qu'il ne fallait pas y aller car c'était mauvais et cher.
    évidemment, je n'ai pas vérifié !
    F.

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